N° 8132 – Janvier 2020

9,90

La Méditerranée

En 2004 paraissait un numéro de la Documentation photographique intitulé “La Méditerranée en partage”, signé par Jacques Béthemont ; la publication s’inscrivait entre le Processus de Barcelone de 1995 et le projet de l’Union pour la Méditerranée en 2008. Quinze ans se sont écoulés. La Méditerranée resurgit dans les choix éditoriaux des médias : parmi ceux-ci, un numéro hors-série du journal Le Monde “Histoire de la Méditerranée” (2019), un documentaire de la chaîne de télévision Arte La Méditerranée va-t-elle passer l’été ? (2018), les recueils de textes choisis Le goût de la Méditerranée (2019) et La Méditerranée, amère frontière (2019), reflètent un retour de l’objet. Le même objet ? Pas tout à fait : loin des paysages idylliques, du triptyque vigne-blé-olivier, des équilibres supposés, le retour de la Méditerranée dans l’actualité s’opère de façon brutale, violente, réactivant et bousculant les lectures plus classiques, les catégories spatiales établies, interrogeant dans tous leurs replis les identités revendiquées ou rejetées, les assignations territoriales. Ce volume prend ainsi acte de ce retour de la Méditerranée, entre conflits régionaux et “crises migratoires” : il y en eut d’autres, car le cheminement de l’idée méditerranéenne elle-même a connu des rythmes faits de soubresauts et d’accalmies politiques, mais aussi scientifiques.

Par bien des aspects, la belle édition de 2004 continue de faire référence et il nous a paru superflu de revenir sur certains éléments sinon pour en saisir les transformations rapides. L’évolution depuis le début des années 2000 nous invite en effet à réinterroger les constructions de cet espace, à tenter d’en saisir les dynamiques actuelles, les ruptures et les continuités, à discerner derrière les accélérations et les bouleversements hypervisibles et médiatisés des changements imperceptibles, silencieux certes, mais de grande envergure.

J’ai vécu à Marseille, Tanger, Naples, j’ai arpenté les villes, de Barcelone à Beyrouth, d’Istanbul au Caire, d’Athènes à Tunis. De ce que j’ai appris sur la Méditerranée je suis redevable à mes prédécesseurs et à mes pairs à qui j’ai tant emprunté, mais peut-être plus  encore à mes rencontres sur toutes les rives – aux artisans du cuir napolitains, aux entrepreneurs de Tanger et à mes étudiants de l’université Paris 8 venus de Tizi Ouzou, d’Istanbul, de Tel Aviv ou de Madrid. Au fil de mon  itinéraire de chercheure, tous ont introduit du jeu dans mes représentations, dans mes questionnements, tant il est vrai que la connaissance de cet espace ne peut-être que co-construite. De ces précieux échanges, je leur suis infiniment reconnaissante.

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