N° 8164 – Mars 2025

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Guerre et paix au Moyen-Orient :

Il n’y a pas d’évènement plus associé au Moyen-Orient que la guerre. Des colloques universitaires aux programmes scolaires, l’association de ces deux termes procure un sujet inépuisable que la situation ter-
rible de la région se charge de réactualiser. Dans les publications et programmes de recherche des think tanks, académies militaires et universités, les facteurs culturalistes et géopolitiques de la violence guerrière au Moyen-Orient sont sans cesse explorés. L’association du Moyen-Orient et de la guerre a son écho sur les moteurs de
recherche. Pendant l’été 2024, la « guerre » était, après les noms de pays ou de continents, le sujet le plus fréquemment associé au sujet « Moyen-Orient » d’après Google Trends.

Cette perception n’est pas seulement celle d’un regard extérieur à la région. La guerre s’est installée comme un fait banal dans les sociétés du Moyen-Orient elles-mêmes à en croire les sondages parfois critiquables pour leur méthodologie réalisés sur le sujet. Depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 et le lancement de l’opération israélienne sur Gaza, la guerre a même regagné en légitimité. Avant même les attaques, l’Arab Youth Survey montrait que plus de 55 % des jeunes Arabes ne croyaient pas à une résolution prochaine du conflit israélo-palestinien. Plus de 60 % s’attendaient par ailleurs à ce que les tensions entre l’Iran, Israël et plusieurs pays occidentaux débouchent sur un conflit militaire.

Depuis le 7 octobre 2023, la légitimité de la guerre a été réévaluée dans les opinions de la région. En Tunisie et dans les pays arabes, l’approbation du recours à la résistance violente contre Israël est repartie à la hausse après plus d’une décennie de baisse, d’après les mesures d’opinion de l’Arab Barometer. Un sondage mené pour le Doha Institute à la fin de l’année 2023 montre que 67 % des personnes interrogées dans seize pays arabes considèrent l’attaque militaire du Hamas comme une opération de résistance légitime.