N° 8135 – Août 2020

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Humanisme, réformes et conflits religieux

Les réformes religieuses du XVIe siècle en Europe ont donné lieu à une formidable conflictualité dans les domaines des idées et de la foi. Celle-ci a abouti à des périodes de grande violence au cours de guerres cruelles et souvent intestines. Une conséquence durable a été la fin de l’unité chrétienne en Occident, les confessions protestantes s’étant soustraites à l’autorité de l’Église romaine.

Mais dans quel contexte et pour quelles raisons ces réformes sont-elles apparues ?

Elles se sont d’abord produites dans le sillage de l’humanisme. Aussi, la question de l’articulation des réformes et de ce grand mouvement de renouveau intellectuel et religieux d’envergure européenne, débuté dès le XIVe siècle, a-t- elle donné lieu à des débats historiographiques d’autant plus passionnés qu’ils opposent des historiens souvent influencés par leur foi catholique ou protestante. Les réformes ont-elles été provoquées par l’humanisme qu’elles auraient ensuite mis en échec ? Cette interprétation ignore en fait la grande diversité des parcours des humanistes et distingue artificiellement humanistes et réformateurs. Elle tend aussi à les considérer comme des individus plus “modernes” qu’ils ne l’étaient réellement.

D’autres approches s’efforcent de discerner les ferments d’évolutions religieuses ou civilisationnelles majeures dans la période des réformes ou dans celle qui la précède immédiatement. Certains considèrent que les réformes du XVIe siècle sont toutes issues d’une même tension de pré réforme au travail en Europe. Elle justifie l’idée selon laquelle il vaudrait mieux parler de “Réforme catholique” que de “Contre-Réforme”. Cette thèse, qui n’est pas dénuée de parti pris religieux, sous-entend un caractère accidentel des réformes protestantes que l’Église romaine aurait pu éviter si elle n’avait pas été prise de court par Luther. D’autres associent l’étude des enjeux religieux à la question de la genèse de l’État et des sociétés modernes, composées de sujets disciplinés et organisées selon des institutions et des ressorts territoriaux cohérents, ce qui les différencierait des sociétés médiévales.

Ce dossier de la Documentation photographique propose d’explorer une autre interprétation, plus fermement ancrée dans la société et les esprits de la Renaissance : les réformes s’expliqueraient par l’existence d’un subconscient collectif invisible obsédé par une angoisse de la mort et du péché. Ce subconscient aurait été disposé à recevoir le message de Luther et de Calvin qui auraient réinventé la foi comme l’outil d’un désangoissement. La fin de l’unité chrétienne aurait pour cause une grande peur de la fin des Temps dans le contexte d’un humanisme triomphant.

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